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L’économie de l’UE au creux de la vague à cause de l’absence d’une politique industrielle forte

À cause de l’absence d’une politique industrielle forte, l’économie européenne accuse un retard de plus en plus important. L’UE est à la traîne, loin derrière la Chine et les États-Unis. Plutôt que de développer des politiques basées sur ses propres atouts, les milliards qu’elle investit servent principalement à limiter son retard. Dans son rapport ‘Industrial policy: old dog, new tricks?’, l’assureur-crédit Allianz Trade estime qu’il s’agit d’une impasse.

La politique industrielle et les subsides sont plus que jamais à nouveau d’actualité, affirme l’assureur-crédit. Selon le rapport, en 2023, les gouvernements ont mis en œuvre 2 642 politiques industrielles. Les plus populaires sont celles qui octroient des subsides aux industries et entreprises locales. En la matière, les États-Unis, la Chine et l’Inde font figure de modèles. Parmi les exemples récents les plus connus, on trouve la loi américaine sur la réduction de l’inflation (IRA) et les lois CHIPS et Science. L’Union européenne a réagi avec stupéfaction à ces mesures protectionnistes, les qualifiant de violations des règles de l’Organisation mondiale du Commerce.

Quant à l’Europe, elle a elle-même adopté le Green Deal et le Règlement pour une Industrie ‘zéro net’, entre autres. Pour Allianz Trade, la politique industrielle de l’UE s’apparente à un exercice d’équilibrisme trop poussé. Cette politique poursuit un large éventail d’objectifs sous-jacents, comme l’équilibre entre les transitions verte et numérique, la préservation du marché unique, la promotion de l’innovation et le maintien du contrôle national sur les politiques. La stratégie vise également une série de secteurs tels que les technologies des semi-conducteurs, l’hydrogène, les données industrielles, les lanceurs spatiaux et l’aviation zéro émission. Selon l’assureur-crédit, la neutralité technologique de la politique industrielle européenne a conduit à un soutien moins ciblé des technologies innovantes qu’aux États-Unis.

Johan Geeroms, Directeur Risk Underwriting Benelux chez Allianz Trade: « Les études montrent que de nombreuses mesures de l’UE sont principalement réactives. Prenez les mesures présentées par l’UE l’année dernière pour réduire la dépendance à l’égard de la Chine, en particulier pour les métaux rares comme le lithium (législation sur les matières premières critiques). Nous nous lançons soudainement dans l’exploitation minière… après avoir laissé pendant des années l’extraction des métaux rares à d’autres pays pour éviter les dégâts environnementaux en Europe. Un exemple typique de course perdue d’avance pour tenter de rattraper le retard. » Selon Johan Geeroms, les métaux rares sont menacés par une dépendance de même type que le pétrole. « En plus de l’OPEP, nous verrons aussi apparaître l’OPEM ».  
Dans le rapport, Allianz Trade plaide en faveur d’une politique industrielle européenne axée sur les écosystèmes d’innovation. Le rapport parle de politiques ‘horizontales’ ciblant des thèmes spécifiques. Johan Geeroms : « Il ne faut pas subventionner une industrie spécifique, l’automobile, par exemple, mais plutôt chercher à se regrouper autour d’un thème, la mobilité, par exemple. Il faut ensuite investir non seulement dans les véhicules électriques, mais aussi dans les stations de recharge, la technologie des batteries, le réseau électrique, les transports publics et les options de mobilité alternative. Un domaine large qui reflète les spécialisations de tous les États membres. Avec des industries qui profitent les unes aux autres et se complètent. »
Airbus est un exemple de collaboration européenne qui va dans la bonne direction, souligne Johan Geeroms. « Voilà comment il faut faire. Oser voir grand. Collaborer entre plusieurs pays européens pour devenir un leader mondial dans le domaine de l’aérospatiale. Faire appel aux produits, à l’expertise et à la technologie de toute l’Europe. Cette collaboration crée également un savoir-faire technologique et renforce la défense européenne. Une situation qui n’a que des avantages. »
Selon Johan Geeroms, l’Europe devrait partir de ses propres atouts et oser penser deux coups d’avance, au lieu de toujours suivre la Chine et les États-Unis. « Et lorsque l’on met en place une telle politique industrielle, il faut se méfier de la bureaucratie. La multiplication des obligations administratives freine l’innovation. Il faut également éviter que seules quelques grandes entreprises bénéficient des subsides, comme c’est le cas avec la loi américaine CHIPS. »
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